Cleland et Clark (1966), deux américains, ont été les premiers à développer l’idée de créer une « cafétéria sensorielle ». C’était une pièce dans laquelle les personnes handicapées intellectuelles pouvaient expérimenter différentes sensations.
Snoezelen peut être comparé à cette première approche. Cependant je ne peux pas dire à quel point cette information provenant des États-Unis a influencé le cheminement hollandais. Je parlerai, ici, seulement du cheminement en Hollande.
Au milieu des années ’70, les institutions étaient confrontées par les problèmes grandissants concernant les personnes handicapées intellectuelles sévère. J’ai constaté que la plupart des centres n’avaient pas de programme d’activités pour répondre aux besoins de cette clientèle, les activités occupationnelles et de loisirs qui rejoignaient les personnes moins sévèrement handicapées intellectuellement ne suscitaient pas l’intérêt des personnes sévèrement handicapées.
À partir d’efforts pour créer du nouveau matériel d’activités pour cette clientèle, il s’est développé d’un côté du « matériel adapté » c’est-à-dire du matériel de jeu avec des formes, dimensions et fonctions se voulant accessibles aux personnes handicapées intellectuelles sévère et d’un autre côté il y avait « Snoezelen ».
Il y a eu des interrelations entre ces deux orientations d’activités jusqu’à ce que Snoezelen devienne l’expression d’une vue différente pour les activités occupationnelles et de loisir pour la clientèle sévèrement handicapée et considéré comme une offre d’activités et une forme de présentation de matériel de jeu. L’application était plus orientée sur l’esprit de permettre aux clients de prendre plaisir à l’activité que sur le matériel d’apprentissage, avec la conviction qu’ils apprendraient autant de cette manière. En conséquence, le développement du matériel dit Snoezelen (ce qui signifie matériel offert dans Snoezelen) a grandement enrichi le matériel utilisé dans l’environnement quotidien des personnes handicapées intellectuelles sévère.
Le développement de Snoezelen en Hollande.
Le début de Snoezelen est très lié au développement des activités occupationnelles pour les personnes handicapées intellectuelles sévère au milieu des années ’70. À l’époque, il n’y avait pas d’activités récréatives pour cette clientèle. Pour vous donner un aperçu des services qui leur étaient offerts, je vais vous décrire la vie au centre De Hartenberg.
Depuis 1968, il y avait environ 440 personnes handicapées intellectuelles qui vivaient dans l’institution. Leurs soins étaient orientés exclusivement sur leur confort. Approximativement 70% des résidents pouvaient être considérés comme des personnes handicapées intellectuelles sévère, c’est-à-dire qu’il y avait seulement un petit groupe de résidents aptes à participer aux activités du centre de jour. Dans des ateliers, ils participaient à des tâches simples. Les résidents handicapés intellectuels sévère demeuraient dans leur logement ou pavillon. Il y avait toujours une bonne excuse pour qu’ils ne quittent pas leur résidence : un jour il faisait trop chaud à l’extérieur, ou trop froid, ou trop humide… Exception faite des sorties thérapeutiques obligatoires et des visites chez le médecin, il n’y avait pas de raison pour sortir de leur milieu de vie. Les personnes handicapées intellectuelles sévère étaient protégées comme des poupées de porcelaine, comme du matériel fragile qui auraient des maladies si elles allaient à l’extérieur. Les facilités environnementales pour cette clientèle étaient à l’image des centres hospitaliers et respectaient les règles médicales de soins et d’hygiène. Les conditions de vie de cette clientèle étaient stériles et froides, elles ressemblaient à un hôpital avec des lits et bouteilles d’oxygène tout près, tout était impeccable. C’était un environnement confortable et sécuritaire pour le personnel, pas d’atmosphère pour le bien-être des clients sur une longue période. Les routines journalières étaient gérées par les médecins et les infirmières et étaient basées sur la conception de soins médicaux et non sur l’accompagnement.
Au début des années ’70, dans ce décor affligeant a germé l’idée d’offrir des activités occupationnelles aux personnes handicapées intellectuelles sévère, appelées « bezigheids-begeleiding ». Initialement ces initiatives étaient orientées sur les environnements de vie. Le personnel, aussi désigné comme « bezigheidsbegeleider », signifiant ergothérapeute, travaillaient sur l’environnement de vie immédiat des personnes handicapées intellectuelles sévère, développant du matériel et des concepts pour stimuler les intérêts et pour les inciter à bouger : ils ont fait des mobiles, des objets musicaux, ont utilisé des bulles, des massages et des couvertures colorées. Des éléments de la nature étaient utilisés pour leurs effets tactiles, etc. Les infirmières ont été impressionnées par l’utilisation de ce matériel dans les espaces de vie et se sont impliquées en fabriquant d’autres objets. Nous parlons ici des premiers objets utilisés pour Snoezelen, ils étaient très simples et peu coûteux. Jan Hulsegge, musicothérapeute, et Ad Verheul, ergothérapeute, ont été les responsables des premières offres de loisir pour les personnes handicapées intellectuelles sévère au centre De Hartenberg. À ce même moment, les deux hommes ont pris connaissance d’un article de deux psychologues américains, Cleland et Clark. En 1966, ils ont écrit un rapport sur leur travail traitant de la possibilité de développer, promouvoir et inciter la communication et des changements de comportement en offrant des stimulations sensorielles à des personnes ayant un retard de développement, hyperactives, handicapées mentales et autistiques. Les personnes de ce groupe expérimental étaient en présence d’éléments stimulant la vue, l’ouie, l’odorat et le toucher et le mouvement dans un espace spécialement aménagé. À ce moment, les deux auteurs (Hulsegge et Verheul) ont intensifié leur démarche, ce qui était appelée « cafétéria sensorielle », était pour eux la première étape logique pour stimuler et orienter le processus sensoriel.
L’idée de « stimulation de base » a été développée par les 2 experts hollandais parce qu’ils reconnaissaient que le besoin de stimulation était présent chez toutes les personnes handicapées, quel que soit leurs conditions, et non seulement chez les personnes avec un haut niveau intellectuel.
L’intérêt des parents a eu une grande importance parce qu’ils ont découvert une nouvelle opportunité pour leur enfant. L’éducation passive a changé en activités initiant les contacts, la communication avec les enfants handicapés et le processus d’activation. Au Centre De Hartenberg, le concept Snoezelen n’était pas encore connu. C’est lors d’échanges avec une autre institution, Haarendael, où on expérimentait des activités similaires que le nom Snoezelen est devenu public.
Premières approches dans différentes institutions.
Depuis, comme cela a déjà été mentionné, la recherche de nouvelles activités pour les personnes handicapées intellectuelles sévère étaient une préoccupation dans plusieurs institutions. Simultanément, plusieurs institutions ont développé l’approche de Snoezelen à leur manière. Ces expériences ont été mises en commun quelques temps plus tard.
Un premier projet et la première utilisation du terme Snoezelen a été développé en 1974 au centre Haarendael, dans le service de relaxation, à partir de l’idée que le but n’était pas l’apport physique du participant mais la possibilité qu’il vive des expériences et puisse se détendre. Les objectifs étaient de permettre aux personnes handicapées d’expérimenter un moment de bien-être en essayant de créer un contexte dans lequel elles pouvaient choisir leur activité ou tout simplement être présentes passivement.
Ces objectifs ont été rejoints par la perception sensorielle. Dans ce service de relaxation du centre de Haarendael, Niels Snoek et Klaas Schenk, en stage dans le cadre de leur service civil, et un membre du personnel Rein Staps ont réalisé le premier projet. À l’aide de lumières, de musique, d’odeurs et de différents objets, ils ont créé une atmosphère de rêve qui touchait chacun des sens.
1.vue : salle noire, images qui tournent, miroir
2.ouie : musique calme
3.toucher : bac à balles, hamac, foin
4.odorat : encens, huiles essentielles
5.goût : aliments à saveurs variés
Comme ils n’avaient pas de budget, ils ont dû être très créatifs. Le projet fut un succès, cependant à la fin de la période du service civil des deux stagiaires, le projet a été arrêté par manque de temps et de personnel.
Un peu plus tard, le centre Piusoord a repris l’idée et l’a expérimenté. Le centre a présenté « Snoezelen » sous ce nom lors d’une conférence NGBZ (Nederlands Genootschap ter Bestudering van de Zwakzinnighied en de Zwakzinnigenzorg) sous le thème du jeu et toutes les personnes présentes ont été invitées à participer.
C’est là que les personnes du centre De Hartenberg ont appris le nom Snoezelen et ont réalisé qu’elles faisaient un travail similaire. Il y avait une demande pour des activités accessibles aux personnes handicapées intellectuelles sévère. Dans le programme d’activités estivales offert au centre De Hartenberg, les besoins des personnes handicapées intellectuelles sévère étaient peu ou pas rejoints. C’est alors qu’est née l’idée de créer, avec l’aide de stimulations sensorielles de base, un monde dans lequel ces personnes puissent être bien.
L’idée a été appliquée pour la première fois au centre De Hartenberg lors du programme d’été en 1978. Il y avait une tente expérimentale offrant des stimulations multi sensorielles. C’est seulement à la conférence de 1979 que plusieurs centres de Hollande ont partagé leurs expériences et on adopté le terme Snoezelen.
L’été suivant, en août 1979, il y a eu un autre projet de 10 jours d’une tente emplie de stimulations multi sensorielles ou on retrouvait beaucoup d’objets faits à la main.
À cause de son grand succès, c’est-à-dire beaucoup d’effets positifs chez les personnes handicapées intellectuelles sévère qui ont participé à l’activité, cette offre d’activités a été répétée régulièrement les années suivantes. C’est en février 1984 que Snoezelen a été offert sur une base permanente dans ses propres locaux.
Dû aux « portes ouvertes », aux rapports des différents projets et aux échanges intensifs d’information, Snoezelen a été rapidement reconnu dans d’autres centres.
Aujourd’hui, nous constatons que Snoezelen n’est pas seulement utilisé dans les centres spécialisés pour les personnes handicapées intellectuelles sévère mais aussi pour une clientèle de personnes ayant des problèmes psychiatriques, de la démence et plusieurs autres problèmes de fonctionnement. Nous pouvons dire aussi que Snoezelen est inclus dans la formation de groupe de leaders.